Etoile montante du rap togolais et ouest-africain alors qu’il n’avait que 13 ans, Willy Baby a été longtemps considéré comme l’un des plus grands espoirs de la musique togolaise tellement son potentiel a réveillé les attentes les plus folles. Mais depuis un moment, le jeune artiste a disparu sans prévenir des scènes musicales, tournant ainsi le dos ou retardant le grand destin que les spécialistes lui prédisait.
Extrêmement précoce
Willy Baby, alias Adovi Koffi Willia est né le 1er mai 1998. Admiratifs des plus grands rappeurs de son enfance tels que La Fouine, 2Face, Justin Bieber, ou encore Maitre Gims, Willy Baby travaille son flow dès son plus jeune âge sous le mentorat son frère. C’est ainsi qu’il est sacré meilleur freestyleur en 2011 au championnat estival de hip-hop au Togo, les HOT JAM. C’est le début d’un succès digne d’un film hollywoodien.
Dès l’âge de 13 ans, avec pour principal atout sa facilité d’adaptation à différents genres musicaux autant qu’en français qu’en langue locale, le jeune artiste enregistre son premier morceau ”Baby Girl” qui devient très rapidement un hit national. Propulsé sur la scène en tant qu’artiste confirmé, Willy Baby effectue des prestations mémorables en première partie des concerts de Soprano en 2011, et des Toofan en 2012. Il enchaîne par la suite de grands featurings avec le groupe 109 connexion à l’époque, le feu Omar B, christelle Johnson, Mic Flammez, pour ne citer que ceux-là. Le succès fulgurant de ”Baby Girl” lui vaut également une collaboration à l’extérieur des frontières togolaises avec la star du rap béninois, Blaaz.
Révélation de l’année aux All Musics Awards du Togo en 2013, l’étoile de Willy Baby brille alors dans le ciel de la musique togolaise. Son éclat, de plus en plus fluoresçant, n’a plus de limites. Lors de prestations en guest star, il côtoie déjà les grosses pointures de la musique telles Singuila, Magic Systeme, Wizkid, Flavour, Tiwa Savage, Bracket, Molare et Dj exclusive.
Fort de ce parcours, plus mûr face aux réalités de l’Entertainment, Willy Baby enchaîne les titres en 2015. C’ est ainsi que sort ”Invincible” (remix) en featuring avec les artistes béninois du groupe de rap CCC, Nasty Nesta et Amir. Le son fera un carton au Togo et dans plusieurs capitales africaines et sera même classé 5e au Top 10 hip-hop made in Africa de Trace URBAN.
Des nuages à l’horizon
Par ses débuts magiques, le jeune prodige semblait promis à un grand avenir. Sauf que pour des raisons non évoquées, l’artiste va connaître un boycott du public semblable à celui qu’aurait connu feu Omar B quelques années avant son décès. Le boycott coïncide avec le début de sa signature avec la maison Keyzit et s’est poursuivi lors de la sortie de son album ”le succès m’appelle”. Absent des grands scènes musicales, Willy Baby va continuer de s’enfoncer en se retirant des réseaux sociaux et des projecteurs.
« Allons-nous le laisser respirer sous l’eau et se noyer triste et abandonné comme nous l’avons fait à Omar. » s’est interrogé ému un observateur. « Nous avons perdu Omar B et nous avons partagé sur les réseaux sociaux que c’est une grosse perte patati patata… Mais est ce que nous attendons encore une autre perte pour mobiliser notre amour ? Allons-nous nous manifester en même temps pour redonner vie et espoir à notre frère ? À la fin de cette pandémie Covid-19, allons-nous voir Willy baby sur des scènes ?», s’est-il encore interrogé.
Un mal-être qui perdure
Mais le Covid-19 est passé et Willy Baby, n’est toujours visible sur aucune scène. Au contraire, c’est emplit d’une grande déception que le jeune artiste donne de ses nouvelles en décembre 2021. Le prodige qui fêtera ses 24 ans n’a pas été invité lors du géant concert de Blaaz qui fêtait son retour après plusieurs années d’absences pour des raisons de santé.
L’événement qui a eu lieu, le 18 décembre 2021, a vu la participation de plusieurs artistes dont Créol, Jojo le Barbu, Nikanor, Almok, Vano Baby, Tyaf, Zeynab. Mais connaissant la relation qui a été celle de Willy Baby et Blaaz par le passé, on peut se demander ce qui se passe vraiment pour que Willy Baby n’y soit pas.
Comment ce jeune si talentueux peut-il passer en l’espace de quelques années du rang d’étoiles à celui de paria de la musique ? Décevant ainsi les analystes de la musique togolaise qui voyait en lui un phénomène capable de porter l’étendard de la musique togolaise autant que les Toofan.
Un mal plus profond et plus général qu’on ne le pense ?
Lors d’un direct datant du mois du 16 août 2021 sur sa page Facebook, Willy Baby a déploré le rang qu’occupent ses ainés dans le monde musical. « Ils méritent plus que ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. C’est un cycle infernal. Il faut avoir le courage de le dire. Vous êtes dedans, mais vous ne comprenez rien. On ne peut rien attendre de la musique togolaise », a-t-il déclaré amer. Ainsi, pour l’artiste, son problème serait général, plus profond et sans doute lié au fonctionnement du paysage musical togolais entier. Mais longtemps avant lui, plusieurs artistes avaient évoqué des faits similaires sans qu’aucune solution ne soit trouvée.
Le jeune artiste pourra-t-il retrouver ses fans et écrire la plus glorieuse histoire de la musique togolaise ?
Chez Willy Baby, ce n’est indubitablement pas le talent qui manque. Pour plusieurs observateurs, il est le seul de son époque à être autant à l’aise en français comme en Ewé et dans beaucoup de genre musical. Ce qui est encore frappant chez lui, commentent-ils, c’est la maturité de son style, la cohérence de son flow et cette facilité à assurer sans trop forcer. Aussi, il n’a que 24 ans. Il a tout le temps devant lui pour se préparer afin de faire un come-back digne des attentes qu’il a cristallisé au début de sa carrière.
Comme une once d’espérance dans cet océan de d’incertitudes et de questions, le jeune rappeur résidant actuellement en Côte d’Ivoire avec sa famille, affirme avoir plusieurs projets pour son avenir. Il serait actuellement entrain de les mûrir.