Longtemps adulé pour sa rigueur instaurée à l’Université de Lomé, Komlan Dodji Kokoroko, devenu Ministre des Enseignements Primaire, Secondaire, Technique et de l’Artisanat, dégringole de jour en jour dans l’estime que l’opinion publique lui avait porté, car le juriste émérite est désormais réputé pour ses sorties subalternes.

La gestion de la grève des enseignants de novembre 2021

La Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN) avait lancé le 29 octobre 2021, suite à la non-gratification exceptionnelle promise aux enseignants dès janvier 2021, un mot d’ordre de grève appelant à observer une cessation de toute activité pédagogique durant deux 48 heures, à compter du mercredi 03 novembre 2021. Mais jeudi déjà, le ministre, ex-bien aimé de l’opinion publique a pris un arrêté destituant 1192 directeurs d’établissements préscolaire et primaire publics de leurs fonctions  ; Avec 153 autres ajoutés à la liste le jour d’après ; purement et simplement renvoyés à la craie pour avoir refusé de communiquer les noms des enseignants gréviste. La grève observée par les acteurs de l’éducation malgré les menaces des autorités et les mesures prises par Kokoroko, ont créé une vraie paralysie du système éducatif togolais et un climat très tendu entre ses différents acteurs. Mais, pour le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat passé devant la TVT; tout va bien, très très bien minimisant ainsi le mouvement gréviste.

« Il n’y a pas un problème aujourd’hui dans le secteur de l’éducation. Nous avons été clairs, pédagogues en rappelant aux uns et aux autres les dispositions en vigueur. Ceux qui ont décidé de passer outre doivent assumer les conséquences qui en résultent », a-t-il déclaré encore.

Ses décisions s’apparentent-t-elle à de la rigueur ou de l’égocentrisme ? Pour plusieurs observateurs, il s’agit bien d’égocentrisme, car le très compétent Kokoroko pouvait régler cette situation d’autres manières que par les coups d’éclats, ces mesures radicales et les menaces à peine voilée.

Une nouvelle grève des enseignants

Si les mesures adoptées par ce cadre du grand Kloto lors de la précédente grève de 2021 étaient efficaces, comment pourrait-on expliquer l’actuelle ?

Le Syndicat des enseignants du Togo (SET) a appelé à un mouvement de cessation de travail pour les 24 au 25 mars 2022. En visite à Dapaong le 26 mars 2022 (600 km au nord de Lomé) après le Conseil des ministres à Gando; le Prof. Dodzi Komla Kokoroko n’a pas manqué de se livrer encore aux déclarations dont lui seul à le secret, sur la grève de 2 jours observée par les enseignants.

”Mes premiers missiles tirés depuis le fleuve Oti feront des dégâts assez lourds. Je vous dis, il y aura des dégâts assez lourds” a-t-il indiqué. ”En 2021, j’ai rafalé les directeurs et les enseignants””Ceux qui s’entêtent à troubler le secteur de l’éducation seront purement et simplement exclus de la fonction enseignante et mis à la disposition de la fonction publique”. Son discours marqué par l’omniprésence du ”je” traduirait, selon les analystes, les spécificités d’un homme qui ramène tout à lui même et qui pense en premier à sa personne : égocentrisme. Ainsi, l’ex bien-aimé de l’opinion, confondrait rigueur et égocentrisme.

Et à vouloir coûte que coûte se montrer ferme, non-conciliant ou encore ”égocentrique”, le ministre très très compétent risque d’être pris à la gorge par une grogne toujours latente et de mobiliser contre lui le SET qui, désormais est décidé avoir gain de cause. En témoigne la nouvelle grève de 72 heures qui a commencé ce mardi 29 mars 2022.

À cet effet, pour plusieurs grévistes, l’homme de droit n’a donc d’autres choix que de se plier à l’exercice du dialogue dont il ne semble pas être un grand amoureux. La seule alternative qui lui reste est la satisfaction des revendications des enseignants. Au risque de connaître, malgré ses ”nobles ambitions le même sort que ses prédécesseurs qui sont partis de ce ministère la tête basse.

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