Soupçons de tribalisme, annulation du Conseil Général de 2022, plusieurs pasteurs sanctionnés et rétrogradés dont l’influent ex Vice Président Anani Kodjovi Gaston, emprisonnement de pasteur; l’église des Assemblées de Dieu du Togo présente des signes de malaises au plus haut de son instance.
Les choses semblent tourner au vinaigre au plus sommet de l’église des Assemblées du Dieu du Togo.
Tout serait parti d’une lettre que l’Eglise des Assemblées de Dieu du Togo attribue à la “sentinelle”. Dans cette note, la “sentinelle”, qui serait aussi un pasteur de l’église, aurait dénoncé l’administration de l’Eglise des Assemblées de Dieu du Togo ainsi que le tribalisme qui sévit en son sein. Selon le pasteur, l’église souffrirait d’une division clanique (Nord – Sud).
Tout en rejetant et dénonçant cette lettre, l’Eglise des Assemblées de Dieu du Togo, dans un communiqué rendu publique le 23 Mai 2023, affirme que cette lettre de la “sentinelle”, véhiculée parmi certains pasteurs lors des assises du Conseil Général de 2022 a eu des “incidences sur les travaux du Conseil Général 2022 conduisant à l’annulation des actes dudit Conseil Général”
L’ors d’une prédication, le désormais ex vice président des AD, le Rev Kodjovi Gaston affirmait même que l’auteur de ce message aurait même été arrêté et jeté en prison. L’église n’a pas communiqué sur cette arrestation et inculpation.
Des pasteurs sanctionnés
L’autre conséquence de la divulgation de cette lettre de la “sentinelle”, c’est la pluie de sanctions qui va tomber sur des pasteurs. Plus d’une vingtaine se pasteurs seront sanctionnés dont certains membres du conseil d’Administration de l’Eglise des Assemblée de Dieu du Togo. Il s’agit du Rev Anani Kodjovi Gaston, Vice Président et le Rev Tchenawou Kossigan Samuel.
A en croire le pasteur Anani Kodjovi Gaston et le communique officiel de l’église en date du 23 Mai 2023, il leur est reproché un mutisme “complice” après réception du message de la “sentinelle”
Selon l’église, “certains pasteurs dont des membres du Bureau d’Administration détenaient ce message le 20 juillet 2022 aux envirions de 20 Heures 15 minutes et n’ont pas attiré l’attention du reste du Bureau d’Administration, mais ont encouragé de le banaliser”.
Mais pour le Pasteur Anani Kodjovi Gaston, la version des faits n’est pas la même.
Tout en reconnaissant avoir été ajouté à un groupe WhatsApp dans lequel le message de la sentinelle avait été diffusé, le Pasteur Anani Kodjovi Gaston affirme s’être retiré du groupe après l’avoir signalé car le contenu ne “rentrait pas dans la ligne de ses valeurs promues”.
“Une heure plus tard on était au Bureau du Conseil d’Administration et quelqu’un avait demandé qui a reçu un message qui circule. Un message d’où? de la sentinelle. Et puis quelqu’un autre a réagit en même temps se demandant pourquoi à chaque conseil général, les gens créent des situations pour nous distraire? laissez ça de côté et évoluons avec les points inscrits à l’ordre du jour. …….la même soirée autour de 23 Heures, le Bureau exécutif avait reçu le message sur notre plateforme WhatsApp. Donc la veille des élections, presque tous les responsables avaient reçu le message et nous n’avions pas réagit”, souligne le pasteur Anani Gaston lors d’une prédication vidéo disponible sur la toile.
Difficile pour nous de savoir laquelle des versions est la plus fiable mais ce qu’il faut retenir c’est que suite à cet épisode qui sera suivi d’une séance “d’interrogation” au siège de l’église où les pasteurs ayant été ajoutés au groupe WhatsApp de la “sentinelle” ont été écoutés, le Bureau du Conseil d’Administration a décidé de sanctionner une vingtaine de pasteurs dont le pasteur Anani Gaston jusque là en poste à Agoe Asiyeye. Il sera rétrogradé de deux ans puis affecté sur Kpalimé. Selon le pasteur Anani Gaston, sa femme, présidente du ministère des Femmes a aussi été déchue de son poste.
Un feuilleton qui salit l’image de l’église
Pour une église qui chante les vertus du Christ, le pardon, la tolérance, l’amour, ce feuilleton qui n’est sûrement pas a son dénouement, ne pourrait embellir son l’image.
A la rédaction du journal Afrizoom, on s’interroge sur l’importance de la médiatisation de cette affaire qui fait tomber des têtes. On s’interroge aussi sur l’importance des sanctions infligées aux pasteurs incriminés.
Si le message de la “sentinelle” ne rime pas avec les vertus de l’église, si certains pasteurs ont été informés de ce “message” mais n’ont pas eu la clairvoyance de le signaler, la bonne formule serait elle de les sanctionner, ou de les écouter, prier “le seigneur” comme ils savent le prescrire aux autres, et implorer la cohésion au sein de l’église? Les sanctions ne vont elles pas envenimer les choses? quelle serait la finalité des intimidations?
Aussi, notre rédaction s’interroge sur les raisons qui ont poussé le pasteur Anani Gaston a relayer publiquement l’affaire lors d’une prédication, mettant à nue les dessous de l’église ainsi que le manque de coordination et de cohésion au sein d’une instance qui se veut exemplaire. Quoi qu’on dise, le pasteur Anani était le numéro 2 de l’église et peut être que la sagesse aurait demandé de la grande retenue.
Au sein de l’opinion, l’on pense qu’en cherchant à justifier les actions de manière isolée, ces premiers acteurs de l’église des Assemblée de Dieu du Togo ont exposé la vulnérabilité de cette dénomination qui, avouons le, est une grande force dans le paysage religieux au Togo. Les membres peuvent en sortir divisés et partagés.
Pour l’heure, des questions restent posées sur l’avenir du pasteur Gaston au sein de l’église des Assemblée de Dieu du Togo. Quoi qu’on dise, son charisme et son goût pour l’excellence ont été et demeurent un atout pour l’église des Assemblée de Dieu du Togo.
Après avoir fait valoir son droit de prendre sa retraite, l’église va t-elle le lui accorder? prendra t-il fonction à Kpalimé comme stipulé dans la note d’affectation? ou va t-il quitter l’église par la petite porte en laissant derrière lui tout un gros chantier ouvert et à peine achevé.
