Après sa réélection ce 17 septembre 2022 à la tête du mouvement Génération Solidaires de Côte d’Ivoire (GPS), Guillaume Soro a prononcé un discours durant lequel il n’a pas voilé ses ambitions présidentielles. Mais selon plusieurs spécialistes, l’ex-allié du président Alassane Ouattara ne pourra pas briguer à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire.
L’ancien chef du parlement ivoirien, Guillaume Soro vient d’être réélu président du mouvement Génération des Peuples Solidaires (GPS) pour un mandat de trois ans. Lors du discours qu’il a prononcé à cet effet, le Che n’a pas manqué de montrer ses ambitions présidentielles. Mais face à lui, se dressent plusieurs barrières.
Accusation d’atteinte à la sureté de l’Etat ivoirien et exil
Longtemps proche du président ivoirien Alassane Ouattara, qu’il a aidé à accéder au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro était devenu Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale, avant de se brouiller puis de rompre avec le chef de l’Etat ivoirien début 2019; suite à son refus de rejoindre le Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP). Devenu opposant et désireux de se présenter à l’élection présidentielle de 2020, Guillaume Soro était en route pour la Côte d’Ivoire pour lancer sa campagne, mais son avion a été dérouté pour retourner en Europe. Selon le procureur de la République d’Abidjan Richard Adou, « Guillaume Soro préparait “un complot” en deux parties : d’abord une opération de communication à l’étranger pour “jeter le discrédit sur le régime” ivoirien, puis “une insurrection civile et militaire”. Depuis, l’ancien chef des rebelles a été condamné à la prison à vie et fait l’objet d’un mandat d’arrêt internationale. » , rapporte TV5 Monde.
Accusation pour détournements de deniers publics
En avril 2020, Guillaume Soro a été également condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics pour avoir tenté, selon la justice ivoirienne, de s’approprier une résidence achetée par l’État pour le loger lorsqu’il était Premier ministre. Cette condamnation avait justifié l’invalidation au cours de la même année de sa candidature à la présidentielle.
Un paysage politique ivoirien recomposé et jonché de poids lourds
S’il parvenait à être acquitté, Guillaume Soro devrait après faire face à un paysage politique ivoirien en pleine recomposition et jonché de poids lourds. Les futures échéances en Côte d’Ivoire s’annoncent très disputées. Le couple Gbagbo dès son retour au pays s’est relancé en politique : L’ex-première dame, Simone Gbagbo a créé le 20 août 2022 son propre parti politique , le Mouvement des générations capables (MGC), afin de proposer une nouvelle offre politique de gauche en Côte d’Ivoire. L’ancien chef d’État ivoirien Laurent Gbagbon devenu le président de son nouveau parti, le PPA-CI (Parti des Peuples Africains en Côte d’Ivoire) tisse également ses toiles avec l’établissement des organes de base du parti sur l’ensemble du territoire ivoirien.
Depuis le 28 février 2022, Alassane Ouattara a également entamé des travaux de restructuration du parti au pouvoir le RHDP pour consolider les acquis et accroitre les performances. Le président ivoirien a nommé le ministre chargé des Relations avec les institutions et maire de la grande commune de Yopougon, Gilbert Koné Kafana, à la tête du directoire du parti. ET ce n’est pas tout : Le pays se prépare à un probable retour de Charles Blé Goudé. Définitivement acquitté de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale, a reçu son passeport ivoirien le 30 mai 2022.
Cet allocation de l’ancien Premier ministre, Guillaume Soro ce 17 septembre 2022 intervient après plusieurs mois de silence. Recherché par la justice ivoirienne, pas en odeur de sainteté avec le pouvoir en place et avec ce nouveau paysage politique ivoirien jonché d’adversaire de taille, selon une grande partie de l’opinion, la participation puis la victoire de l’ancien chef des rebelles à une prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire relèverait du miracle.