Face à la menace jihadiste, le président de la transition burkinabè Paul-Henri Damiba et le chef de l’État nigérien Mohamed Bazoum ont décidé de créer un front commun. les deux dirigeants comptent associer le président malien Assimi Goïta.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, Ouagadougou et Niamey ont décidé de créer un front commun de défense et aimeraient impliquer Bamako. Mais Assimi Goita acceptera-t-il de se joindre à cette alliance ?
Le président de la transition du Burkina-Faso Paul-Henri Damiba et son homologue nigérien Mohamed Bazoum ont décidé de signer un accord de défense qui lierait leurs deux pays.
Selon les informations de Jeune Afrique, à Ouagadougou, fin août, le ministre nigérien de la Défense, Alkassoum Indatou, et celui qui était alors son homologue burkinabé, le général Barthélemy AiméSimporé (qui a été limogé ce lundi 12 septembre 2022), ont même travaillé sur les contours d’un accord de défense qui entrera bientôt en vigueur.
Les deux pays espèrent pouvoir joindre à ce front le Mali, mais Bamako, acceptera-t-il ?
Une interrogation logique au vu de l’actualité malienne de ses derniers mois. Une chose est tout de même certaine, selon les spécialistes, Bamako posera plusieurs conditions pour participer à cette alliance. Le pays est connu ses derniers mois pour avoir quitté plusieurs coopérations militaires. Le 2 mai 2022, Bamako a rompu les accords de défense avec la France, mais aussi avec ses partenaires européens. Bamako s’est aussi retiré depuis le 15 mai, du G5 Sahel et de sa force militaire anti-djihadiste, formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger.
Plusieurs raisons sont évoquées par les autorités de la transition pour rompre les divers partenariats. Les forces françaises pour leur part ont été accusé “d’atteintes flagrantes” à la souveraineté nationale. Pour le G5 Sahel également, la raison invoquée par le porte-parole du gouvernement de transition n’est pas l’inanité de cette organisation régionale qui réunit depuis 2014, avec un fort appui français, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Selon le colonel Abdoulaye Maïga, la décision de retrait a été prise par Bamako du fait « de l’opposition de certains Etats du G5 Sahel » à ce que le Mali prenne sa présidence tournante. Celle-ci aurait dû lui revenir en février.
Lors des travaux de la troisième réunion du Groupe de Soutien à la Transition Malienne (GST-Mali), le ministre des affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop a contester les stéréotypes que certains collent au gouvernement malien, selon lequel « le Mali veut se fermer, le Mali est isolé, le Mali ne veut pas travailler avec les gens » et expliqué deux principes importants pour travailler avec le Mali.
Premièrement, « personne n’aime le Mali plus que les maliens ; personne ne connaît les problèmes du Mali mieux que les maliens ; et personne n’a une meilleure solution aux problèmes du Mali que les maliens eux-mêmes. Cela ne veut pas dire que les Maliens sont arrogants, mais cela veut simplement dire que ceux qui viennent nous aider doivent prendre le temps de parler avec nous, de nous comprendre et d’identifier la meilleure manière de pouvoir contribuer à une solution ». Ensuite, « Tout ce qui se fera au Mali doit se faire avec les maliens, en accord avec les maliens et avec la contribution des maliens et nous n’accepterons rien qui puisse se faire sans les maliens ou contre les maliens. Ceci est une donnée importante qu’il faut retenir ». a-t-il affirmé avant de renchérir : « le Gouvernement est désormais prêt à dire non quand nous estimons que l’aide, l’assistance ou le partenariat qui nous sont proposés ne sont pas en ligne avec notre propre vision du Mali ». Une intervention qui saurait sans doute situer Niamey et Ouagadougou quant a leur projet.