Ceci est une opinion de Gerry Taama, le président du parti le Net

Croyez en vous ou oubliez les pistons

Il ne se passe pas une journée que je ne reçoive un message me demandant de pistonner un tel pour un concours par ici, un autre pour recrutement par là, et même parfois, un tiers pour l’embauche dans des sociétés privées.
Est-ce que le piston existe vraiment ? Oui. Bien sûr, tant dans la fonction publique que dans le secteur privé. Si vous êtes un parent de ministre, vous avez peut-être plus de chances de trouver un emploi dans la fonction publique que celui qui ne connaît personne. Mais c’est plus de chances seulement. A titre personnel, j’évalue cette chance à 30 %. Ce qui veut dire que vous avez quand même 70% de chance de réussir sans piston. Aujourd’hui, ils sont nombreux, ces fils de barons qui sont au chômage depuis plusieurs années, sans absolument trouver à faire. C’est plus réglementé, surtout par les bailleurs.
Pour ce que je sais, lors des concours publics , les consignes données limitent à 10% maximum les personnes à “aider”(chut ! On va doctement dire que j’affabule) . je pense que dans la réalité, ça peut monter jusqu’à 30%, mais pas plus. Je connais dans mon entourage tellement de personnes qui ont passé des concours de la fonction publique sans demander aucun appui, et qui sont aujourd’hui fonctionnaires. Je suis persuadé que vous en connaissez aussi.
Le vrai problème est que le nombre de. postulants est tellement important et les places réservées si réduites que l’Etat ne peut pas se permettre de prendre uniquement les pistonnés, au risque de perdre en qualité. Si vous faites partis des 70% d’amis, il y’a de fortes chances de sortir. A titre ‘d’exemple, pour le dernier concours de l’ agriculture, pour 500 places, on a 56000 postulant. Si chaque ministre et chaque baron pistonnait rien qu’une personne, les 500 seraient fini en un tour de main. Or le ministère a besoin de qualité. Et au minimum 400 seront recrutés sur la qualité. C’est ça la vérité, en tout cas pur ce que je sais.
Quant au secteur privé, il faut oublier les pistons. Aucun chef d’entreprise ne recrute sur recommandation. C’est l’efficacité qui est recherchée. Même ceux qui prétendent que les jolies filles sont recrutées grâce à leur beauté se trompent. Un entrepreneur qui ne pisse pas dehors évite surtout d’embaucher pour une coucherie, ça crée du désordre au sein de la société.
Je me souviens que quand j’étais officier, je recevais toujours avant chaque recrutement des dizaines de dossiers à appuyer. Je n’avais pas le courage d’expliquer aux parents et amis qu’un petit lieutenant ne pouvait pas faire pression sur un colonel pour le recrutement. Assez curieusement, mes faux taux de réussite avoisinnaient 70%. J’ai ainsi mangé des viandes de pintades et de brousse alors que je n’avais absolument rien fait pour ces personnes, et que je ne pouvais pas leur avouer que c’était uniquement leur mérite. Je crois même qu’elles auraient été déçus si je leur avais dit la vérité.
C’est même pire en politique. Sur le terrain, nous les partis qui ne sommes pas de la maison bleue recevons éternellement la réponse suivante : si je rentre dans votre parti, je ne réussirai à aucun concours. Un jour, j’ai demandé à quelqu’un cela faisait combien d’années qu’il ratait des concours ? Il m’a dit 15 ans. Je lui ai demandé dans quel parti il a toujours été. Il m’a dit la maison bleue. Je lui a dit qu’il était peut-être temps de changer de maison. Dans une préfecture dont je tairais le nom, à un concours public, sur 13 réussit, 9 étaient du NET. Les gens ont conclut que je pistonnais mieux, alors que je suppose que les miens ont bossé plus dur car sachant ne pas avoir d’appuis.
Aux jeunes qui postulent pour des emplois, je demande de travailler dur, d’avoir une bonne culture générale et d’apprendre en permanence. Même dans l’extrait de papier journal qui emballe le botocoin, il y’a de la connaissance dedans. Je me souviens qu’en 1999, quand j’ai passé le concours de Saint-cyr et ai été l’unique admis sur plusieurs dizaines de postulants, je découvrais les épreuves au fur et à mesure qu’elles nous étaient soumises. Certaines personnes préparaient pourtant ce concours depuis des années, et alors que les gens revisaient sous les arbres dans de volumineux fascicules, j’arrivais juste avec mon Bic. Mon atout maître était ma culture générale. Aujourd’hui, internet est une source de connaissance inépuisable.
Pour finir, mais je reviendrai la dessus plus tard, n’allez jamais à un entretien d’embauche ou vous dites à votre potentiel futur employeur, il faut m’aider. Vous aurez sans doute un piston, mais pour vous foutre dehors.
Gerry Taama
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