La réticence à prendre la parole en public, à tenir des conférences de presse, à se tenir en première ligne lors de débats sur les questions brûlantes, ce sont là des moments où de nombreux Togolais attendent en vain la présence du Président Faure Gnassingbé. Si l’opinion publique associe cette absence du Président togolais à un refus d’assumer ses responsabilités, une analyse de la personnalité psychologique de Faure Gnassingbé suggère qu’il est un homme plutôt introverti
Si chaque individu est caractérisé par une personnalité distinctive, il est souvent fréquent de retirer aux chefs d’État le droit d’exprimer leur nature, de posséder des qualités et des faiblesses en tant qu’êtres humains. Le Président togolais, Faure Gnassingbé, ne fait donc pas exception.
Un homme de peu de mots
Certains de ses ministres ont tenté de justifier le manque de dialogue entre Faure Gnassingbé et son peuple en affirmant que le Président préfère agir plutôt que parler, et que sa parole se doit d’être rare pour être précieuse. Cependant, une absence de prise de parole en public peut également être associée à la timidité, à une appréhension de ne pas faire bonne impression, ou de donner une image négative de soi-même.
Pour privilégier les actes à la parole, il faut posséder un charisme, tel celui qui exhibe les traits des militaires. Les hommes en uniforme observent le silence par principe et non par appréhension de s’exprimer. Une analyse des prises de parole de Faure Gnassingbé révèle qu’il ne dégage pas le même charisme qu’un militaire. Les rares occasions où il a pris la parole ont souvent manqué de conviction tranchée dans ses propos. Faure Gnassingbé ne s’exprime pas avec fermeté. Il adopte généralement un ton plutôt doux, avec des gestes posés. Le Président semble souvent avoir du mal à parler en maintenant un contact visuel direct avec la caméra et à conserver une posture droite.
Des signes de timidité
Dans ses interactions, l’homme semble souvent lancer des regards vides dans l’espace ou, par moments, vers le sol. Il est rare qu’il fixe un public pendant une longue période. Assez souvent, le Président jette des regards de côté, comme pour chercher une quelconque approbation. Une lecture approfondie des vidéos le montrant en compagnie de foules suggère un homme clairement anxieux lors de ces interactions. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il est plausible que le Président ressente une réelle appréhension lors de ces sorties publiques. Il est clair que Faure Gnassingbé est à l’opposé de son père, feu Gnassingbé Eyadema, militaire charismatique par excellence.
Timidité et sincérité
Le Président togolais commet souvent des maladresses lors de ses prises de parole. Cela suggère qu’il n’est pas un homme politique cherchant à séduire ou à user du verbe pour dissimuler des intentions. On se rappelle encore de ses sorties maladroites avec des phrases mémorables : “Je ne vois pas le rapport”, ou “Mon père m’a dit de ne jamais laisser le pouvoir”, des propos qui, tout en étant francs, ne sont pas respectueux des normes politiques établies.
Les personnes timides sont souvent introverties par nature. Si Faure Gnassingbé parle peu, c’est qu’il entretient de nombreuses réflexions intérieures, cherchant le pour et le contre des choses, tout en restant souvent énigmatique concernant ses propres pensées et en recherchant l’approbation du regard des autres.
De plus, si la sincérité est une valeur essentielle pour le Président togolais, il est très probable qu’il n’entretienne des rapports qu’avec des individus honnêtes, fiables et sincères. Beaucoup de personnes se disent favorables à Faure en raison de l’aura de calme et de sincérité qu’illumine sa personne. Pourtant, cette personnalité est en totale contradiction avec la gestion du pays, truffée de maux amers tels que la corruption, le gaspillage financier, la persécution de personnalités politiques, l’impunité, entre autres. L’entourage du président tel que dévoilé ne rime pas avec sa personnalité.
Timidité et gestion de la cité
En 2005, le décès inattendu de l’ancien président Gnassingbé Eyadema a plongé le Togo dans une période de troubles significatifs. Ces tensions ont été en grande partie alimentées par l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé, facilitée par l’intervention de l’armée togolaise. Il semblait alors évident que Faure Gnassingbé n’était pas pleinement préparé à assumer la présidence de la République, du moins pas si précocement.
Critiqué tant dans les rues que sur la scène internationale, Faure Gnassingbé a semblé adopter une attitude réservée, presque timide. Sa quête de confiance en lui et d’acceptation de sa nouvelle situation ont probablement constitué ses premiers défis. Il est plausible qu’il ait dû apprendre à exercer les responsabilités présidentielles tout en trouvant ses marques. Toutefois, il n’a jamais complètement réussi à surmonter cette timidité persistante.