Après maintenant 17 ans de pouvoir, Faure Gnassingbé surnommé «le jeune doyen» par ses paires de la sous-région, se distingue par sa stratégie du silence en période trouble, l’imprévisibilité de ses décisions et des actions mûrement réfléchies, qui lui font une réputation de grand manœuvrier ; à l’antipode de ses ministres chargé de l’assister dans sa gouvernance.

Faure Gnassingbé, le stratège émérite

Arrivé au pouvoir en 2005, si Faure Gnassingbé a été préféré à son frère militaire Ernest Gnassingbé pour la succession du feu Eyadéma Gnassingbé, c’est indubitablement parce qu’il a des qualités singulières. Tout en se montrant en rupture avec les idées et les principes de son père, Faure Gnassingbé a su trouvé son propre style de gouvernance afin de consolider le régime. Le président de la République Togolaise n’est jamais dans la réaction et dans les sorties improvisées. Aux troubles et manifestations post-électorales organisées par l’opposition, le responsable de Lomé II a toujours répondu par un grand silence, un silence de sage selon plusieurs observateurs. Et quand enfin, il se décide à agir, c’est une chaîne d’actions qu’il met en œuvre, pour patiemment venir à bout du mal qui tourmente.

Faure Gnassingbé, très bien conseillé semble-t-il, sait jouer avec le temps, l’âge et les circonstances. C’est grâce à ce stratagème que les opposants qui l’ont longtemps combattu se retrouvent aujourd’hui affaiblis, à sa solde ou encore hors du champ politique. À titre d’exemple, après près de deux décennies de ”combat politique”, l’Union des forces de changement (UFC), emblématique parti de l’opposition, s’est finalement fait mangé en signant en mai 2010, un accord avec le Rassemblement du peuple togolais (RPT) au pouvoir, pour former un gouvernement d’union nationale.

Calme, son apparence l’entoure de mystère et il sait écouter les circonstances. C’est ainsi, que tout ceux qui sont soupçonné de vouloir déstabiliser son pouvoir ou qui, dans son entourage, ont fait preuve d’inefficacité dans la tâche qui leur a été assigné, ont été écarté par la ruse au moment idoine et de manière totalement imprédictible. À cet effet, les analystes évoquent, les ministres Noel Bataka, Pascal Bodjona, Guy Madjé Lorenzo, Kpatcha Gnassingbé, etc.

Les ministres, des antonymes de stratégie et de patience

Si pour les observateurs le président de la République togolaise Faure Gnassingbé se démarque par sa ”sagesse”, son tact et un art complet de la stratégie, ce n’est pas le cas pour la plupart de ses ministres.

Dans un communiqué paru le 29 mars 2022, le collectif des partis politiques de l’opposition dénommé « Dynamique Monseigneur Kpodzro » (DMK) a fustigé ”la médiocrité morale” et les propos ”outrageux” tenus par le ministre Dodzi Kokoroko à l’endroit des enseignants togolais qui exigent de meilleures conditions de vie et de travail.

Selon plusieurs sources proches de la mouvance au pouvoir, il est reproché à Kokoroko sa gestion de l’actuelle crise des enseignants. Là où le président de la République aurait pris la peine de bien analyser la situation et se serait sans doute démarquer par une attitude plus conciliante et une plus grande hauteur, l’actuel ministre de l’enseignement et actuel président de l’université de Lomé manquerait de maîtrise.

Aussi, là où Faure Gnassingbé se distingue par son sens de la retenue et sa prudence, quelques-uns de ses ministres sont réputés pour leur excès de zèle et leurs mensonges. C’est le cas du Ministre des droits de l’homme, de la Formation à la Citoyenneté, des Relations avec les Institutions de la République, Christian Trimua qui en février 2020 a promis aux Togolais que le projet très médiatisé de construction de l’hôpital Saint-Pérégrin serait finalisé pour juillet de la même année ; mais deux ans plus tard, rien n’est livré.

L’ultime exemple au sein du gouvernement Dogbé, qui sur fond de zèle, étonne au travers de ses multiples sorties fracassantes dans l’opinion, est le Prof Majesté Wateba Ihou. Le professeur est réputé pour ses menaces sur la vaccination des togolais pendant la crise du Covid-19. On se rappelle également que, reçu en septembre 2021 sur une radio privée de la place, se prononçant sur la polémique née de l’intervention du Premier ministre, Victoire Dogbé à l’Assemblée nationale, sur la campagne de vaccination, le prof Ihou n’est du tout pas allé du dos de la cuillère pour défendre sa patronne. « Victoire Dogbé est d’une intelligence inégalable…quand Mme la 1ère ministre a fini de faire son allocution au parlement, j’ai eu l’impression que j’ai pas été à l’école », a-t-il indiqué avant de poursuivre que «le Ministre des Affaires étrangères est à féliciter, car il est entre deux avions juste pour négocier les vaccins », suscitant rires et moqueries chez les analystes. 

Et si, les ministres prenaient enfin le bon exemple de Faure Gnassingbé, fin stratège ! 

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