Le président IBK est tombé. Cette chute a produit un grand bruit, autant beaucoup ne s’y attendaient pas. Et pourtant depuis des semaines, les maliens avaient gongonné partout en Afrique pour attirer les attentions sur les déboires de leur Président. L’institution qui devait les satisfaire c’est la Cedeao. Mais en trois tentatives de médiation, la Cedeao n’a pu apaiser les cœurs maliens affligés. Finalement le salut est venu de la grande muette malienne. IBK poussé à la démission, n’est plus président du Mali depuis le 18 août.  Pour avoir vu ses exigences, celles de composer avec le président malien, rejetée, La Cedeao sort le grand fouet de la sanction économique. Mais il faut comprendre pourquoi les Maliens ont pu aussi facilement se passer des conseils et grognes d’une si grande institution qu’est la Cedeao.

Aujourd’hui, c’est la Cedeao, celle a qui on reproche d’être la confrérie des chefs d’Etats, qui impose aux maliens, par  la manière forte , l’ultimatum de ramener leur frère et ami IBK à ses fonctions. Mais au lieu qu’elles ne  fasse chavirer le déterminisme malien, les sanctions ont donné sourire aux lèvres à ce peuple. La Cedeao a perdu son pouvoir contraignant devant les Maliens. Un petit peuple est entrain de tenir tête à plus d’une dizaine chefs d’Etats souverains.

Pour dicter ses lois il ne faut pas seulement avoir la force contraignante, il faut aussi disposer de la parole contraignante. Et cette parole, certains chefs d’Etats africains l’ont perdu, hélas. Une perte qui porte préjudice à toute l’institution sous-régionale.

Si un président est un model, et si par sa carrure les citoyens doivent lui devoir respect, trois chefs d’Etats africains ont perdu cette marque de respect aux yeux de la jeunesse africaine et malienne. Faure Gnassingbe, Alassane Ouattara, Alpha Condé sont des échecs pour la démocratie en Afrique de l’ouest.

Alassane Ouattara

Après avoir annoncé aux yeux du monde qu’il ne sera plus candidat pour un troisième mandat en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara revient sur sa parole et tente d’aller contre sa propre constitution. Même ses défenseurs manquent d’arguments pour justifier sa décision. Pour un homme d’Etat qui a besoin de sauver son image, autant revêt-elle d’un passé politique peu enviable, Ouattara avait le choix de quitter le pouvoir sans que sa robe ne soit tachée par le virus du troisième mandat. Mais il a choisi de remettre en cause tous les efforts qu’il a consentis pour le respect de la constitution depuis son arrivée au pouvoir.  Ouattara a t-il une parole contraignante? la réponse est non. C’est un homme qui dit une chose et revient sur sa décision pour justifier le contraire de ce qu’il avait dit. Les maliens n’ont plus de respect pour le président ivoirien, celui là qui veut les obliger à “un retour à la constitution” quand il trouve, lui même, des moyens pour justifier le tripatouillage de sa propre constitution.

Faure Gnassingbe

Après avoir passé 15 ans à la tête de son pays le Togo, Faure Gnassingbe s’est aussi vu, selon ses mots, obligé de faire  un mandat de plus. Et pourtant le bon sens le lui empêchait. Des vagues de protestation, des contestations d’un quatrième mandat de trop n’ont fait reculer Faure Gnassingbe qui rappelons-le, est venu au pouvoir dans le sang. Faure Gnassingbe a pu justifier son quatrième mandat; la constitution le lui permet. Mais la jeunesse africaine sait que ce sont des ruses politiques. Tout comme Alassane Ouattara, Faure Gnassingbe a trouvé un moyen pour ramener le compteur de la limitation du mandat à zéro. Le fameux principe de non rétroactivité du droit n’emporte pas la mauvaise foi et la persistance de s’éterniser au pouvoir. Le bon sens voudrait que Faure Gnassingbe décide de faire mieux que son père qui a passé 38 ans au pouvoir,  afin de sauver l’image de la famille Gnassingbe et imposer le respect dans les esprits africains. Mais Faure Gnassingbe brigue depuis quelques mois un quatrième mandat sans gêne avec la grande liberté. Il est en passe de passer 20 ans au pouvoir. Quelle force contraignante peut revêtir sa voix dans les menaces de sanction contre le peuple malien? aucune!

Alpha Condé

Et Alpha Condé, le plus âgé des trois présidents avide du pouvoir. A 82 ans, monsieur Condé veut encore être président dans son pays la Guinée Conakry. Et pour ça, l’octogénaire a dû réprimer la jeunesse qui avait tenté de manifester. Le virus du troisième mandat ne l’a pas raté. Critiqué pour avoir mené un double jeu dans la crise togolaise, Alpha Condé n’est pas un bel exemple en Afrique et au Mali. Il a été  exigeant quand il s’est agi de sanctionner le Mali. Mais les maliens s’en sont moqué. Tout comme les deux autres présidents, Alpha Condé n’a pas une parole de président qui fait loi.

Alors l’on peut comprendre l’échec de la médiation de la Cedeao dans la crise malienne et la nullité de ses sanctions vivement critiquées par la presque les africains.

Si La Cedeao continuent par fermer les yeux sur les déboires de ses présidents obstinés par le pouvoir, elle va demeurer l’institution qui réagit au lieu d’agir. Elle fera dans l’échec de la guérison au lieu de gagner dans la politique de prévention.

Commentaires depuis Facebook