Tiémoko Meyliet Koné, actuel gouverneur de la BCEAO, a été nommé ce mardi 19 avril 2022, au poste de vice-président de la République de Côte d’Ivoire par Alassane Ouattara. Mais peut-on pour autant voir en lui le probable successeur du chef de l’Etat ivoirien ?

 

Une expérience et des compétences de dirigeants ?

Tiémoko Meyliet Koné est né le 26 avril 1949 à Tafiré, au centre-nord de la Côte d’Ivoire. Après des études universitaires en sciences économiques, le banquier et homme d’Etat ivoirien suit, de 1973 à 1975, une formation financière et monétaire au Centre de formation de la BCEAO puis en 1979 à l’Institut du Fond Monétaire International (FMI) à Washington.

De ce fait, il devient Directeur national de la BCEAO pour la Côte d’Ivoire et Gouverneur suppléant au FMI de 1991 à 1998. Cumulativement, avec ses fonctions à la BCEAOTiémoko Meyliet Koné exercera de 1996 à 2006 à la Présidence du Conseil d’Administration de la Caisse de Retraite par Répartition avec Epargnes de l’UEMOA (CRRAE-UEMOA).

En 2007, l’économiste intègre l’administration publique ivoirienne, au sein de laquelle il occupe les fonctions de directeur de cabinet du Premier ministre de 2007 à 2010, de ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat puis, enfin, celles de conseiller spécial du président de la République, chargé des affaires économiques et monétaires. Depuis 2011, Koné dirige la BCEAO. Et comme les grands présidents, il a indubitablement l’intelligence, les compétences et l’expérience nécessaire pour accompagner le pays de Félix Houphouët Boigny dans son processus de développement.

Mis ce riche bagage lui suffit-il pour succéder à Ouattara ?

La nouvelle constitution de 2016 fait, certes, de Koné, vice-président de Côte d’Ivoire le dauphin constitutionnel du président de la République, mais le jeu politique africain prend quelques fois des virages imprédictibles pour le commun des mortels.

Les analystes définissent le banquier ivoirien tel un homme trop discret et sans une base politique sur laquelle il aurait pu dans l’éventualité s’appuyer pour réaliser une telle ambition. Inconnu des grands cercles politiques, et ce, même dans le grand nord dont il est originaire, le gouverneur de la BCEAO aurait ainsi pour seule référence politique en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Homme de ”confiance” comme le définit le Chef de l’Etat, le gouverneur de la BCEAO ne serait pas également de la trempe de ceux qui lorgnerait le fauteuil présidentiel ou prétendrait à une succession d’ADO à moins qu’en cours de mandat, celui-ci ne lui fasse la passe pour, qui sait, éviter une fratricide guerre de succession qui serait fatale au RHDP. A condition aussi de ne pas plafonner l’âge limite pour se présenter à la présidentielle à 75 ans, comme on en suspecte Ouattara, afin de mettre définitivement à la touche ses vieux rivaux Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, tout deux ivres de revanche.

Ouattara pense-t-il vraiment à sa succession à travers ce choix ?

Interrogé au micro de RFI, sur la possibilité d’une succession d’Alassane Ouattara par le technocrate de la BCEAO, ce mardi 20 avril 2022, Gilbert Kafana Koné, le président du directoire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a affirmé « Ne spéculez pas sur les possibles successeurs. Nous n’en sommes pas là.»

En effet, selon certains politologues ivoiriens, le gouverneur de la BCEAO a le profil idéal pour Alassane Ouattara qui s’est mis en tête de briguer un quatrième mandat en 2025 ou en cas d’incapacité de faire le lit à son jeune frère Tiéné Birahima Ouattara  alias « photocopie ». Et, en choisissant ce technocrate, le Chef de l’Etat ivoirien a choisi un homme incapable de lui faire de l’ombre dans ses ambitions politiques en Côte d’Ivoire. 

Bien que trop de facteurs pèsent en défaveur du banquier, on peut s’accorder sur le fait qu’il est trop tôt pour trancher sur sa capacité à succéder à Ouattara ou encore sur les envies de celui-ci à se faire succéder par le natif de Tafiré. Ouattara a par le passé, non seulement prouvé qu’il détient les clés de son pays, mais aussi qu’il aime faire dans la surprise. La reconduction de Patrick Achi en est une preuve.

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