Alors que Patrick Achi vient de présenter sa démission ainsi que celle de son gouvernement, ce mercredi 13 avril 2022, les ivoiriens s’interrogent déjà sur l’identité du prochain locataire de la primature.
Dans un discours prononcé à l’ouverture du dernier Conseil des ministres de Patrick Achi, Alassane Ouattara a déclaré qu’il avait accepté la démission du gouvernement et procéderait “dès la semaine prochaine à la nomination d’un nouveau Premier ministre qui viendra me proposer un gouvernement resserré d’une trentaine de membres”.
“En vue de renforcer l’efficacité de l’action du gouvernement et pour tenir compte de la conjoncture économique mondiale actuelle, j’ai décidé de la réduction du nombre de ministres du gouvernement”, a ajouté le chef de l’État ivoirien. Et pour coordonner cette nouvelle équipe ”resserré”, on se demande si Alassane Ouattara va privilégier un technocrate ou s’il arpentera plutôt une piste politique.
Abdourahmane Cissé, le technocrate et atout jeune de Ouattara
Abdourahmane Cissé est sans doute celui qui incarne le plus le souhait de « renouvellement générationnel » affiché par Alassane Ouattara. Nommé fin mars au secrétariat général de la présidence où il a succédé à Patrick Achi, Abdourahmane Cissé est désormais un personnage incontournable au sein du pouvoir ivoirien. Depuis son arrivée au sommet, Alassane Ouattara , selon plusieurs sources, a toujours placé à ce poste stratégique une personne en qui il avait une absolue confiance. Ainsi, avec son profil de premier de la classe, le longiligne technocrate au sourire facile est sans doute dans les radars du chef de l’État pour une nouvelle promotion. De plus, Alassane Ouattara accorderait une importance singulière à certains postes, comme celui de secrétaire général de la présidence qu’il voit comme un tremplin pour la primature.
Fidel Sarassaro, le discret technocrate
Sobre Haut fonctionnaire et titulaire d’un doctorat en économie à l’université de l’Illinois, Fidel Sarassaro est l’influent directeur de cabinet d’Alassane Ouattara. Il officie à la présidence depuis cinq ans et fait indubitablement partie des nouvelles figures politiques que le chef de l’Etat tentera de faire de plus en plus émerger.
Fidel Sarassaro a été le représentant spécial adjoint de l’ONU pour la République Démocratique du Congo (RDC) où il occupera les fonctions de Coordonnateur résidant des Nations Unies et de Coordonnateur Humanitaire. À la demande d’ADO, il s’est présenté aux élections législatives dans son fief de Sinématiali (Nord), où il a été élu facilement. Et si le président juge le timing opportun, il a des chances d’être l’heureux élu.
Kaba Nialé, une carrière au service du développement économique et sociale
Face à ”l’impératif de réduire les dépenses de l’État, tout en les réorientant vers la résilience sociale et sécuritaire”, Kaba Nialé, actuelle ministre du Plan et du Développement représente une excellente alternative pour le chef de l’Etat ivoirien.
Après une maîtrise en Sciences Économiques, obtenue à l’Université d’Abidjan-Cocody en 1989, Nialé Kaba a poursuivi ses études à Paris, où elle a obtenu successivement un diplôme d’ingénieur au prestigieux Centre Européen de Formation des Statisticiens Économistes des pays en développement (CESD) et un diplôme d’Études Approfondies en Economie Internationale et Économie du Développement à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne.
Elle devient la première femme ivoirienne nommée Ministre de l’Économie et des Finances (2012-2016) après avoir fait son entrée au gouvernement en 2011, en tant que Ministre de la Promotion du Logement. Mais selon plusieurs politologues, Alassane Ouattara ne serait pas encore prêt à jouer la carte Kaba Nialé.
Gilbert Koné Kafana, l’éminence du RHDP
Avec l’approche des élections locales, si le choix d’Alassane Ouattara doit viser un intérêt politique, le nom de Gilbert Koné Kafana serait sans nul doute le premier à traverser l’esprit du président de la république. « Kafana est engagé et il est loyal. Il n’a montré aucune ambition et n’utilisera pas la machine du parti à des fins personnelles », a affirmé un cadre du RHDP. Gilbert Koné Kafana est l’actuel président du directoire du parti présidentiel. Ainsi, en choisissant cette figure emblématique, le président pourra se reposer sur un homme consensuel, rigoureux et surtout de confiance qui a été de tous ses combats politiques depuis les années 1990.
Adama Bictogo, le « bon petit » d’Amadou Gon Koulibaly
Adama Bictogo est le numéro deux du parti présidentiel. Pour plusieurs sources, il connaît le président Alassane Ouattara depuis plus d’un quart de siècle. Il a su s’imposer à ses côtés et prouver son utilité. « Ils se parlent quasiment tous les jours. Aujourd’hui, il a toute sa confiance. » , glisse un proche du président.
Aussi, depuis sa nomination comme directeur exécutif du RHDP par Ouattara en 2019, Adama Bictogo, ce bon vivant, discipliné, travailleur et au contact facile a développé un côté charismatique et rassembleur et noué des liens avec la plupart des élus du parti. Mais, le PDG de Snedai et député d’Agboville est toujours pressenti à la présidence de l’Assemblée nationale où il est indispensable ; ce qui pourrait peser contre sa nomination.
Kandia Kamara, une preuve de dynamisme et de dévotion
Kandia Kamara est une infatigable fidèle d’Alassane Ouattara. Forte de trente ans d’une immuable loyauté envers le président ivoirien, elle a la légitimité historique et politique pour accéder au prestigieux poste de Premier ministre.
Au cœur de l’action diplomatique et politique depuis longtemps, intraitable, intrépide et expérimentée, cette alter ego en politique d’Amadou Gon Koulibaly a également l’entière confiance du chef de l’Etat et pourrait être promu, la semaine du prochaine, du poste de ministre des Affaires étrangères qu’elle occupe depuis avril 2021.
Notons que plusieurs analystes parient également sur une possible reconduction de Patrick Achi ou encore une nomination bien que très incertaine de Charles Blé Goudé, le président du CoJEP.