Ceci est une opinion de Anani Sossou
POUR LE MALI, JE PLEURE…
Ceux qui pensent ce matin au triomphe de la rue sur IBK se trompent lourdement. C’est une manipulation politique ayant conduit à un coup d’État. L’immixtion de l’armée dans le débat politique est un précédent dangereux pour la démocratie en Afrique.
Imaginons un instant lors des contestations des décisions et du pouvoir de Emmanuel Macron dans les rues par les gilets jaunes, que l’arme intervienne pour le déposer, les Français crieront-ils à une victoire par la rue ? Ils ne l’accepteront jamais du moment où Macron fut légitiment et légalement élu et dont l’élection n’a souffert d’aucune contestation. Cela ne sera jamais réalisable. Même l’opposition politique ne l’acceptera pas. Pourtant les gilets jaunes étaient nombreux dans la rue à demander le départ de Macron. Les forces de sécurité françaises avaient joué leur rôle de maintien de l’ordre, loin de l’armée qui n’a même pas songé y jouer une partition. Aux USA, Donald Trump est tous les jours contesté dans les rues par ses compatriotes qui réclament sa démission. Mais jamais l’armée ne l’a déposé et son opposition n’a réclamé son départ de manière illégale puisque toutes ses contestations se sont faites de manière légale à travers le Congrès et la Cour suprême.
La réélection il y a deux ans de IBK au Mali n’a été contestée ni à l’intérieur par son opposition dont le chef de fil aujourd’hui aux mains des terroristes, ni à l’extérieur. Un débat politique autour de la légalité de 30 députés ne saurait conduire à cette situation anticonstitutionnelle et à cette manipulation politique dans un pays instable frappé en permanence par des réseaux djihadistes qui sévissent du Nord jusque #Bamako.
Attention à la répétition du phénomène Sanogo sur ATT alors que ce dernier était à quelques mois de la fin de son mandat légal. La suite fut la transition puis l’élection de IBK qui vient d’être contraint à la démission par l’armée qui entend organiser une transition pour de nouvelles élections. Et l’histoire risque de se répéter si on refuse le respect des textes fondamentaux en vigueur dans nos États.
L’armée est un garant de l’intégrité du territoire national des pays et n’est pas appelée à se mêler des affaires politiques. Dans le cas d’espèce, l’armée malienne n’arrive même pas à mettre hors d’état de nuire les terroristes qui endeuillent le pays. Elle préfère outrepasser ses fonctions pour créer un désordre constitutionnel et institutionnel. Je pleure ce pays à la démocratie instable. Certainement que l’armée interviendra à nouveau lorsque le pouvoir du nouvel élu à l’issu des prochaines élections qu’elle entend organiser, sera remis en cause par la rue. Et ce sera un éternel recommencement, le travail de Sisyphe.
Anani Sossou
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