Pour résoudre l’affaire des 46 militaires qui oppose Abidjan et Bamako, les chefs d’Etat de la CEDEAO réunis à New York, hier, ont décidé de l’envoi d’une mission diplomatique de haut niveau pour négocier avec le président Assimi Goita. Cette mission, a-t-elle des chances d’aboutir ?
La CEDEAO réunie en sommet extraordinaire, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies à New York, a décidé d’envoyer à Bamako une démarche diplomatique de « haut niveau » dans le cadre de l’affaire des 46 militaires ivoiriens.
La délégation de la CEDEAO composée des présidents Faure Gnassingbé du Togo, Macky Sall du Sénégal et Nana Akufo-Addo a-t-elle une chance de convaincre les autorités maliennes le mardi 27 septembre 2022 ?
Les membres de la mission : un avantage notable
La composition de la mission tourne en faveur de la thèse. Les autorités maliennes ont depuis plusieurs mois affiché leur proximité avec Lomé et montré qu’elles faisaient confiance au président de la République du Togo, Faure Gnassingbé. En mai 2022, pour faire lever les sanctions économiques et financières, Bamako a « sollicité le président Faure Gnassingbé pour user de bons offices et de sa sagesse et de son expérience pour aider à faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux. » C’est aussi le Togo qui a été chargé par Bamako pour la médiation dans l’affaire qui l’oppose à Abidjan. Selon plusieurs sources également, le président Macky Sall, actuel président de l’Union Africaine, fait également partie des rares président qui s’entretiennent bien avec Assimi Goita.
Abidjan enfin prêt à faire des concessions ?
Selon certains médias, notamment, RFI, la mission du 27 septembre prochain est l’une des dernières chances pour obtenir un règlement diplomatique de l’affaire des 46. Une source proche du pouvoir ivoirien a implicitement mis Bamako en garde : « Le Mali ne doit pas oublier que la Côte d’Ivoire fournit 20 % de son électricité alors qu’il nous doit quelque 40 milliards de francs CFA de factures d’électricité impayés.» Mais la libération des militaires ivoiriens dépend-il uniquement des autorités maliennes ?
Selon plusieurs observateurs, depuis le début de cette affaire, Abidjan n’a pas montré beaucoup d’envie de répondre favorablement aux exigences de Bamako. « Le premier round des négociations, tenu le 28 juillet 2022 à Lomé, n’a pas permis de décanter la situation. Selon l’ex ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, les négociations qui se sont déroulées en huit clos, auraient échoué, car la partie malienne demandait à l’Etat de Côte d’Ivoire des excuses publiques. », lit-on sur nouvelleafrique.com. Une forme d’ « humiliation », pour Abidjan qui n’a pas consenti. Bamako exigerait également un engagement écrit de la Côte d’Ivoire. Et pour finir, l’extradition des personnalités maliennes en exil au Abidjan.
En somme, selon plusieurs spécialistes politique, malgré la bonne disposition affiché par les autorités de la transition pour discuter et malgré la qualité de la délégation qui se rendra au Mali, la libération des 46 militaires ivoiriens sera difficile à obtenir sans une contrepartie d’Abidjan qui arrangerait les intérêts de Bamako.