Le 5 Mars 2020, lors de son discours à la nation, Alassane Ouattara déclarait officiellement qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 31 Octobre prochain. Cinq mois plus tard, après le décès du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, son candidat désigné, Alassane Ouattara prend tout le monde de travers en annonçant qu’il a reconsidéré sa décision. Il est donc candidat pour un troisième mandat. Désormais c’est la parole d’un chef d’Etat qui est remise en cause
« Tout au long de ma carrière et durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements » c’est par ces mots qu’Alassane Ouattara avait introduit sa décision de renoncer à un troisième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. En cette date du jeudi 5 Mars, la classe politique mondiale avait salué la sage décision d’un grand homme politique. Le président français Emmanuel Macron dans un tweet, va saluer une décision qui va consolider la paix en Côte d’Ivoire.
A en croire Alassane Ouattara, renoncer à un troisième mandat, c’est céder la place à une jeune génération « cette décision est conforme à ce que j’ai toujours dit à savoir qu’il faut laisser la place à une jeune génération en qui nous devons faire confiance. Des jeunes ivoiriens honnêtes, compétents, et expérimentés qui ont appris à nos coté comme nous l’avons fait aux côtés du père de la nation le président Felix Houphouet Boigney » lance t-il.
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Ces qualités, Ouattara ne va les retrouver qu’en son premier ministre Amadou Gon Coulibaly, un homme de 61 ans. Beaucoup avaient ironisé sur l’âge de l’ancien premier ministre mais si on sait que Ouattara est lui-même arrivé au pouvoir à 68 ans, l’on peut relativiser sur sa notion de « jeune génération ».
Mais le 8 juillet 2020, le «jeune candidat » Amadou Gon Coulibaly va décéder. Une lourde perte pour son mentor le président Ouattara et son parti le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
La grande surprise va se produire quand Alassane Ouattara va reconsidérer sa décision et annoncer sa candidature aux présidentielles du 31 octobre 2020.
Quelle crédibilité pour l’homme d’Etat Alassane Ouattara après ce revirement ?
Pour un homme qui a chanté haut et fort qu’il respecte ses engagements, les ivoiriens pourront désormais dire après ce revirement que « notre président n’a pas de parole ». En témoignent les blaguent qui pullulent sur la toile portant sur la dégringolade de la crédibilité de l’homme à l’annonce de sa candidature.
Des questions assez légitimes et des commentaires reviennent sur les lèvres; de quoi remettre en cause la sincérité de la première décision du président. Amadou Gon Coulibaly aurait-il été le seul bon disciple de Ouattara ? Le RHDP n’a-t-il aucun autre “jeune” capable de représenter valablement le parti ? Quelle crédibilité le peuple ivoirien et la jeunesse africaine vont-t-ils donner aux engagements futurs d’Alassane Ouattara ?
Et si Ouattara n’avait jamais voulu quitter le pouvoir ?
En notre qualité de journaliste, il nous sera difficile de pénétrer dans la tête de Ouattara afin de répondre à cette questions. Les raisons avancées par Ouattara, lesquelles l’auraient poussé à se représenter, à savoir, le décès tragique d’Amadou Gon Coulibaly, le timing serré pour la tenue des élections, la considération de l’intérêt supérieur de la nation, n’ont pas convaincu plus d’un. Et comme l’a souligné l’artiste chanteur Meiway, si Ouattara n’a trouvé personne pour le remplacer, alors il semble qu’il a échoué dans son leadership. Si la mort venait à le frapper, le RHDP sera resté orphelin.
Procès Laurent Gbagbo, sortie de l’Afrique du FCFA ; Alassane Ouattara n’avait pas une belle image auprès de la jeunesse africaine
Certains ont estimé qu’Alassane Ouattara devrait profiter de cette opportunité pour redorer son image aux yeux de la jeunesse panafricaine éprise d’une démocratie. Déjà reconnaissons qu’ à l’annonce du retrait de sa candidature de l’élection présidentielle, son passé sombre avaient commencé par s’adoucir, avant que son revirement ne fasse remonter à la surface tous ce dont on l’accuse en Afrique.
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Accusé d’avoir joué un rôle trouble dans la crise poste électorale de 2011 en Côte d’Ivoire, Ouattara n’a jamais été inquiété par une CPI taxée de vainqueurs, qui a préféré poursuivre son rivale Laurent Gbagbo. Très vite le procès Gbagbo est devenu un procès Ouattara contre cette jeunesse africaine qui l’a toujours accusé d’être l’instigateur de ce procès.
Va suivre l’affaire de la sortie de l’Afrique du FCFA, une monnaie coloniale arrimée à l’Euro, décriée par la jeunesse africaine mais farouchement défendue par Ouattara. On se rappelle encore, alors que la jeunesse africaine exigeait que quittent les représentant français des organes de décision et de gestion de l’UEMOA, Ouattara était ce président qui avait soutenu qu’il n’y avait aucun français dans cette institution, avant de revenir sur sa parole. Le retrait de tous les représentants Français des organes de décision et de gestion de l’UEMOA (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire) était l’une des conditions pour que le FCFA disparaisse des monnaies africaines. Beaucoup avaient trouvé en lui le manque de sincérité.
Tout compte fait, Ouattara a encore une parole à tenir ; celle d’assurer la passation du pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre et ceci pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire